HOME | LINKS | REVIEWS | PAINTINGS | AU SENEGAL
AU SENEGAL | Témoignage




     

Eileen Julien Sy

3 juin 2006

Auditorium Khaly Amar Fall
de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar

 
     

 


Eileen et Kalidou Sy

 
     

 

Chères Soeurs, Cher Frère de Kalidou, Chers Enfants,
Chers Amis et Collègues,
Monsieur le Directeur de l'Ecole Nationale des Arts,

C'est une belle journée. Les expressions de respect, de gratitude et d'affection pour Kalidou me font laisser mes larmes à la maison. La joie de cette volonté collective de se rappeler qui était Kalidou Sy noie la douleur.

Vous le connaissiez tous. Il appartenait à tout le monde. Pas besoin donc de vous raconter mes “histoires Kalidou.”

Je voudrais ainsi vous parler de l'avenir, de comment honorer Kalidou Sy de notre vivant. Tout au moins, j'ai envie de vous rappeler ses rêves--ou, moins prétentieusement--ses espoirs. Car il était tout sauf rêveur, idéaliste. Il se désignait des objectifs réalisables et il s'investissait à fond et de manière pragmatique pour les atteindre.

L'Ecole Nationale des Arts

Comme vous le savez, Kalidou aimait profondément et depuis toujours l'ENBA (l'ancienne Ecole Nationale des Beaux Arts) et l'ENSEA (l'ancienne Ecole Normale Supérieure d'Education Artistique) où il enseigna pendant sept ans et dont il fut le directeur pendant dix ans. Ce n'est pas une simple façon de parler que de dire qu'il était “militant” de la culture et des arts. Vous le savez encore mieux que moi..

J'ai envie donc de vous rappeler un seul point à ce propos. En travaillant pour la fusion de toutes les écoles moyennant des frais d'inscription raisonnables payés par les étudiants, il espérait que la nouvelle Ecole Nationale des Arts disposerait de moyens non seulement pour l'achat de matériaux et d'outils pour les enseignants et étudiants mais qu'elle pourrait à la limite mettre à la disposition des étudiants un autocar pour des déplacements et d'une villa où loger ceux venus de la campagne et de l'étranger.

Je ne peux pas me prononcer évidemment sur la faisabilité de ces propositions-là, mais ce qui est essentiel c'est de soutenir l'Ecole et la création artistique hors des enjeux politiques car ce sont des forces majeures, des ressources précieuses dans la vie du Sénégal.

Ainsi, pour Kalidou, former les élèves et les étudiants aux pratiques artistiques c'était une affirmation de foi dans leurs capacités de réflexion et d'invention. C'était une affirmation de son énorme foi dans la vie, dans les valeurs humaines dont toutes les cultures sont porteuses.

Galerie d'enfants

C'est dans cette même optique que s'inscrit l'autre projet qui lui tenait particulièrement à cœur: nous avons souvent parlé de la création d'une galerie pour enfants—un centre où les enfants pourraient apprendre les techniques de création, où leurs oeuvres seraient exposées, où ils seraient encadrés.

L'idée de départ est qu'encourager une sensibilité à la culture et son potentiel commence dès le jeune âge et que les enfants doivent absolument faire partie intégrante d'une vision culturelle. Kalidou pensait ainsi à un espace de rencontre, d'apprentissage, et de création artistique.

C'était cela, Kalidou Sy. Cherchant à assurer le confort et le bien-être de l'autre, travaillant à ouvrir des portes, à donner accès aux artistes sénégalais et africains, aux chercheurs et étudiants étrangers, à initier et soutenir des échanges pour le rayonnement de la culture.

Si un projet de ce type n'est pas déjà en route, je me promets de poursuivre cette idée à l'avenir et je viendrai sûrement en parler avec certains d'entre vous.

Exposition

Finalement, un rare projet de Kalidou sur Kalidou. Son séjour aux Etats Unis lui a permis, après de longues années à l'ENBA et à l'ENSEA, de se concentrer sur sa propre recherche et de revenir à la création à plus ou moins plein temps. Après coup, il s'est rendu compte que ses tableaux et assemblages—dont L'homme du sud que vous avez sous les yeux sur le programme d'aujourd'hui--rappelaient l'ancienne technique malienne. Il les a regroupés sous le nom, la série bogolan.  

Kalidou avait l'intention de faire parvenir à Dakar un certain nombre de ces toiles pour les exposer ici dans cette communauté à laquelle il appartenait quand bien même il était à des milliers de kilomètres d'ici.

Aujourd'hui nous fêtons Kalidou Sy, militant de la culture et des arts. C'est mon grand espoir de réaliser cette dernière volonté de Kalidou et de partager avec vous une création riche--où souffle l'esprit, une création faite d'éléments américains et fidèle pourtant à cette terre d'origine qu'il aimait tant.

Je vous remercie du fond de mon coeur.