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Paru dans « Le Quotidien » du vendredi 19 mai 2006

 

Pour le Professeur Kalidou Sy

 

A-Le prétexte !

DE L'ART EPHEMERE COMME NIVEAU DE CRITIQUE DE L'ECOLE DE DAKAR

Il y a l'oiseau, la balance et le tableau.

Sans doute, y-a-t-il un exercice éphémère sur les interlignes à mi-chemin entre les écrans et les feuilles d'arbres ? On efface, mais le propre de l'homme, plutôt de l'art vivant, n'est-il pas dans les opérations qui ouvrent à son esprit des voix de connaissance sur le futur ? Oui. Non, oui.. non, oui.. non...

L'artiste, quand il a le regard, peut traduire cet exercice comme n'importe quel homme du reste, à la condition d'être disponible pour regarder ce « travail » expérimental sur l'environnement. Il n'y a aucun signe que vous ne puissiez comprendre et expliquer, c'est impossible -la balance que vous regardez s'est déséquilibrée. Vous parlez et c'est tout, alors que l'exercice n'est pas compliqué, il s'agit simplement d'un cheminement vers les vertus les plus hautes.

(L'art éphémère au secours de l'Ecole de Dakar. Papa Sidy Diop (Keup) un grand maître sourd-muet de l'Ecole de Dakar : Hlm 5 Fatou Sow 100 frs adresse).

Kalidou Sy, allo ! 631.28.43

L'homme est un oiseau migrateur, qui a dit que tu étais mort ? Tu es là bien là avec moi, un verre de vin substantiel à la main, tu es là fouillant dans le miroir transparent le venin inoculé dans l'esprit de la femme et de ses comparses (ou complices).

Ho compagnon, il faut pardonner !

Le pouvoir éloigne du pacte, tu dois comprendre, elle a peut-être simplement oublié le sens de la parole donnée, un temps – celui d'une pensée égarée.

Professeur Kalidou Sy, boite vocale N° 631.28.43 ;

« Votre correspondant est momentanément inaccessible- occupé » Ha ! Ce n'est qu'après le départ de ton épouse que j'ai appris que Jovany t'avait bien remis les travaux (le parchemin) que toi-même tu devais remettre à El-Hadj.

Kalidou Sy 631.28.43 ; je viens juste d'apprendre que les transhumants sont des pervers ! La myopie politique du ministre de l'intérieur n'est pas une excuse, car pour nous, il n'y a pas de places réservées au gouvernement du renouveau idéologique.

B- La raison !

ET SI ON PARLAIT DE LA CRITIQUE D'ART – LES CLEFS !

Du niveau zéro, au regard.

Si l'art n'est que la voix critique de la raison, il n'y a donc pas d'école pour la critique d'art. Tout au plus, une voix pour parvenir à la connaissance des choses essentielles qui passent par l'art ; et la critique n'est rien d'autre que l'art du regard.

Avoir l'art du regard, c'est donc faire œuvre de critique. Cet œil a une multitude de ressources dans laquelle la raison n'occupe qu'une infime place eu égard à l'importance de l'immense espace spirituel et ses portes devant lesquelles jadis de savants voyageurs se sont retrouvés sans clefs.

Quelle sombre histoire ! « Ils ont dit au mois de septembre 2005 à la maison de la culture Douta Seck dans les sous-entendus, qu'il n'y avait pas d'école pour l'enseignement de la critique d'art. » De notre point de vue d'initié, il devait entendre : « notre regard est caché sous un voile », et nous laisser au moins la possibilité de lever les malentendus.

L'essentiel des malentendus tient à ce qu'ils exigent de la critique quelques manuels codifiés à l'image d'autres disciplines comme l'ethnologie, la philosophie, la chimie, la sociologie, la physique et j'en passe. Mais encore, au déjà connu de ces mêmes disciplines et au déjà senti des habitudes culturelles sensorielles et morales, au déjà expliqué des traditions anciennes.

Si la critique devait seulement refléter ce qui est immuable dans l'œuvre d'art, dans l'esprit, la mentalité de ceux qui la font, elle se limiterait dans leur esprit, être le réceptacle des sentiments des créateurs, ou un révélateur des modes, une sorte de bonne pensée en œuvre dans les travaux d'artistes.

Pourquoi alors tenter d'approfondir le malentendu en disant que la critique est une fournisseuse de la sensibilité et des marchés alors qu'on ne s'est pas aperçu qu'elle est au contraire devenue, au sens le plus haut, l'une des disciplines jumelles de l'art de la politique et de la science ?

Au même titre, elle doit être, et elle est 'témoin' de son propre temps, c'est-à-dire le miroir des réalités transitoires et aléatoires, celles qui tombent sous le sens et qu'on pourrait bien regarder et comprendre sans l'aide de rien d'autre que le regard lui-même.

Il n'y a pas d'art sans artistes et il n'y a pas de moyens pour comprendre une œuvre quelle qu'elle soit sans clefs. Ces clefs sont celles du savoir, de l'œil, certes il est mille manières de regarder (à supposer exclus les aveugles qui regardent sans voir), le regard peut-être de curiosité d'étonnement, d'émerveillement. Il existe aussi d'autres types de regard beaucoup plus spécifiques et techniques qu'il nous faut prendre en compte ; le commerçant, le technicien, le paysan face à son champ jauni par l'excès de soleil.

Pour nous, l'œil qui nous intéresse est celui de l'observateur initié, car lui peut voir, comprendre et interpréter à tous les niveaux dès qu'il a les clefs du regard.

Le cerveau humain, on le sait, dès les premiers moments de la vie, est capable de construire des systèmes des langages, des structures, des schémas, des institutions, des rites. Ce n'est qu'à l'avènement de la prise de conscience, que le besoin se fait en lui impérieusement sentir d'une vue libérée, que naît la critique.

Ainsi le propre de l'œil, un regard qui doit aussi retourner aux sources anciennes afin que le refus au plus haut point de ce dont on l'a chargé soit motivé par les éléments disponibles dans les ateliers de conservation de la graine et là nous ne parlons surtout pas du grenier.

La seule clef qui soit pour la critique doit nous rendre capable d'avoir un pied sur le futur. La critique dans tous ces aspects comme dans son essence est à ce point un espace de malentendu comme tout art- que le regard qui l'a saisi doit avoir l'aisance dialectique qui lui permet de se mouvoir lui-même dans les malentendus et les ambigüités.

Pour être critique d'art, il faut apprendre à voir, désapprendre ainsi les conventions du visuel, il faut être nourri des objets témoins, il faut oublier tous les livres et catalogues du siècle dernier et rencontrer des artistes dans les ateliers et autres lieux d'exposition et de représentation.

Il faut avoir le talent de regarder développer une sorte de sensualité de l'œil enrichi d'expériences tactiles, auditives et olfactives en se mettant sans cesse chaque jour devant une lumière neuve au niveau zéro où on dépasse l'imagination. Cet effort est facile, car dans toute œuvre quelle qu'elle soit, si elle est digne de l'homme, avec la hauteur du regard, révèle ce qu'elle a de divin.

C'est vrai, il n'y a jamais eu de section critique d'art à l'Ecole des Beaux Arts de Dakar depuis l'avenue Roume, donc pas de diplômes, mais ce que je sais, moi, ce que j'ai découvert durant mon séjour de quatre ans dans cet établissement, est édifiant.

L'enseignement, qui y était dispensé surtout entre la section de sculpture d'André Seck de peinture au niveau des ateliers de recherche de plastic nègre, accordait une part importante de discussions lesquelles ont fait (et cela est incontestable) qu'aucun des élèves et l'Ecole de Dakar, surtout parmi les chefs de file, n'est désarmé sur tous les plans notamment critique.

Par ailleurs, c'est avec l'arrivée et le contrôle des beaux-arts par les supers surfa cistes et autres minimaliste (de Marseille) qu'il y a eu une baisse de cette tendance malgré le fait qu'on ait procédé à des réformes qui orientaient des bacheliers et autres « intellectuels » dans cette école.

L'usage pratique de la critique correspond au besoin naturel que nous avons de comprendre, d'expliquer des signaux pour déclencher et orienter des actions, les nôtres ou celles des autres. Le niveau zéro du regard peut être représentatif ou descriptif, il montre, analyse et le tout impliquant un dialogue c'est-à-dire un échange réciproque entre deux termes.

Toutefois, nous devons essayer de nous garder d'appliquer mécaniquement aux phénomènes esthétiques des règles mises au point pour des disciplines autres et tenter de les faire convenir de force. Aussi, une critique de la critique devrait consister à libérer la critique en tant qu'art, voire une science des influences des outils en vigueur pour le langage articulé.

Maintenant que la critique s'est mise au service des autres arts qui l'ont soumises à leur propre convention, si elle n'est pas enseignée et diplômée, c'est justement parce qu'elle porte autre chose que l'on ne peut ranger dans aucun rayon des arts d'expression. Par conséquent, si elle n'est pas donc au cœur du noyau des autres, elle mord sur leurs frontières.

La critique est réalité elle-même, car elle répond à sa vocation essentielle d'expliquer l'œuvre en y ajoutant des choses nouvelles dont elle seule a le pouvoir de le créer.

La balance n'a pas pour but d'exprimer quoique ce soit : elle prolonge le regard et ne se distingue en tant que balance que par sa vertu d'être là, juste pour être en alliance avec les racines de l'arbre qui, sans doute, n'est pas toujours là uniquement pour s'être allier à la balance, mais aussi pour nier que la balance puisse se présenter en un élément d'équilibre et de communication, ni pour l'enseignement ou l'information.

L'essentiel est là, la balance comme un moyen bien en place dans un domaine où l'essence de l'activité du critique s'efface devant la tache que le miroir exige pour résorber la part de lumière sur le visage de la poupée bien calée sur le fauteuil.

La racine n'est pas là par magie, mais si le signe est là, c'est pour répondre au souci hors d'un cadre méditatif de l'homme qui regarde... ho !

L'art découvre avant même la science, mais ce qu'il découvre c'est la critique qui lui montre de mille manières, la critique comme un art qui n'a qu'un outil : l'œil pour expliquer tous les autres et qui, pour elle même à la différence du langage rationnel, est une autre expérience de la mémoire qui ne se laisse pas codifier, mais laquelle se sert de toutes les grammaires pour condenser les malentendus.

Il n'y a donc pas lieu de légiférer en la matière académiquement, il faut regarder, parler et écrire n'importe comment sur ce que l'on sent comme on le sent.

Issa Samb JOE – Abdou Boury BA – Le laboratoire Agit Art -